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CDI Sainte Famille

13 juin 2008

Une chance à ne pas manquer de Clemence Noury 5C

"Une Chance à ne pas manquer"

Bonjour! Alors voilà, je me présente: je m'appelle Louis, j'ai dix ans et je suis musicien. Enfin, je joue du violon. Je suis dans une « école spéciale » où, deux jours par semaine, les élèves ont le droit de sortir une heure plus tôt pour aller faire des activités. Par exemple, mon copain prend des cours de peinture, c'est un véritable artiste! Et Noémie, la première de la classe, elle prend des cours de cirque car elle voudrait devenir acrobate. Il y a aussi les jumeaux, Alex et Bastien, qui sont magiciens. Chaque élève de cette école a un talent. Comme je l'ai dit, je joue du violon et il paraît que je suis très doué. Mes cours ont lieu le mardi soir, le jeudi soir et le samedi après-midi,

L'autre jour, je feuilletais un magazine de maman dans le salon, en sirotant de la grenadine quand, à la page 23, je vis écrit en grosses lettres rouges:

CONCOURS DE JEUNES MUSICIENS PRODIGES

En dessous, en plus petites lettres noires était écrit:

«Vous êtes un bon musicien âgé de 8 à 14 ans, vous jouez de n'importe quel instrument et vous voulez gagner une place au conservatoire de Paris, Lyon, Lille, Marseille, Strasbourg ou Bordeaux pour vous améliorer encore plus. Venez vous inscrire par téléphone au 118 218 ou sur Internet à l'adresse suivante: www.jeunes-talents-concours.fr/

Toutes les informations vous seront transmises à la suite de votre inscription.» J'ai failli m'étrangler avec ma grenadine. Je me suis empressé d'allumer   l'ordinateur de papa, j'ai entré l'adresse du site en haut de l'écran et j'ai lu:

«Vous êtes un bon musicien âgé de 8 à 14, ...blablabla...blablabla... Les conservatoires de Paris, Lyon, Lille, Marseille, Strasbourg et Bordeaux offrent chacun une place de deux ans aux jeunes musiciens prodiges. Pour vous inscrire par e-mail, voici l'adresse:

jeunes-talents-concours@hotmail.fr

Les auditions se dérouleront le 21 novembre à partir de 11 heures dans les villes suivantes: Lille, Bordeaux, Arras, ...blablabla..., Valenciennes, Poitiers, ... blablabla..., je la cherche des yeux, ma ville, ma petite ville? Ça y est, je l'ai trouvée : Béthune, la voilà. Je suis tellement heureux.

Au dîner, j'en parle aux parents, j'ai tout noté. Ils sont d'accord. Demain, j'enverrai un e-mail avec papa pour m'inscrire. Le 21 novembre, c'est dans un mois. Il faut que je révise à fond.

En ce moment, je n'ai plus le temps d'aller jouer avec mes copains, je répète encore et encore. Ma prof et moi avons décidé ensemble du morceau que j'allais donner : un morceau pas trop compliqué, pas trop facile, mais merveilleux d'un compositeur russe. Je ne me souviens plus de son nom, c'est trop compliqué.

Les jours passent, je progresse, je joue mon morceau de mieux en mieux. Ce matin, en déjeunant, je regarde le calendrier: 20 novembre. Je termine vite mon petit-déjeuner, je monte dans ma chambre. Je réfléchis 2 secondes et je me mets au travail: j'astique, je nettoie, je frotte mon violon: il faut que ça brille. 1H30 plus tard: voilà, il est comme neuf.

Ensuite, je fouille dans mon placard et j'en ressors la tenue de soirée que m'a offerte ma Tante Charlotte l'année dernière. Elle est un peu froissée (la tenue de soirée, pas la Tante Charlotte), mais avec un coup de repassage, ça devrait aller. Je vais l'apporter à Maman. Je révise encore une fois mon morceau et je visionne une dernière fois mon DVD «Violoniste», un documentaire pour être à l'aise au violon.

Cette nuit, dans mon lit, j'ai rêvé de mon audition. Les cordes de mon violon se cassaient les unes après les autres et jouaient, sans que je le veuille, la musique de 118 218, « Fous ta cagoule », Brassens, Gainsbourg, « Au clair de la lune » et plein d'autres encore. Je me suis réveillé en sursaut. Ouf ce n'était qu'un cauchemar. Je regarde mon réveil: 8h30. Mon audition commence dans 2h30. Vite, je déjeune, je me douche, j'enfile mon costume et j'attrape un peigne. Comment vais-je me coiffer? Oh! Et puis, tant pis pour l'image d'enfant sage, un coup de peigne rapide, une pointe de gel et me voilà branché comme « Beckham », vous voyez qui ? Je révise une ultime fois mon morceau et je replace mon violon dans son étui. Ce matin, presque toute ma famille m'a appelé pour me dire «merde»!

10H30: j'enfile mon manteau et je monte dans la voiture. C'est maman qui m'emmène car papa travaille. On arrive devant la salle où ont lieu les auditions à 10h40. On a bien fait d'arriver avant, il y a déjà une file d'au moins 50 mètres. On doit attendre dehors. Il fait un peu frais mais, par chance, il ne pleut pas. Pour passer le temps, j'essaie de repérer quelques violonistes. Je fais aussi la connaissance d'Huguette: elle a 11 ans et joue du tuba. Elle a déjà passé quelques auditions dans le temps, mais son problème, c'est le trac!

Nous continuons à discuter et je remarque que le nombre de candidats diminue. C'est à moi. Je sens mon estomac se tordre, mes genoux trembler. Je monte sur la petite estrade et j'articule clairement : "Louis Lagrange, 10 ans".

Le jury est composé de trois membres. Un homme barbu d'un certain âge, un autre plus jeune qui porte des lunettes et qui a les cheveux blonds. Ils ont l'air assez sévère. Le troisième membre, une jolie jeune femme brune qui porte une robe, a l'air très sympathique. Elle me dit, souriante: «Détends-toi et commence quand tu veux».

Je ne sais pas combien de temps s'est écoulé mais durant mon morceau, je me suis senti léger, léger, j'ai cru voler (je sais, c'est un peu poétique mais je ne sais pas comment le dire autrement). Pendant quelques minutes, j'oubliai le jury et la scène autour de moi. Quand j'eus fini, la jeune femme brune, toujours souriante, se leva, suivie des deux autres membres du jury pour m'applaudir, puis elle me dit: «Merci, c'était très joli. Dans une semaine, si tu es retenu, je te téléphonerai».

Je les remerciai et sortis. Ma mère m'attendait derrière la porte, car elle n'avait pas le droit de rentrer.

Durant la semaine qui suivit, j'attendis le coup de téléphone. Par moments, j'y croyais. À d'autres moments, je me disais que j'étais trop nul. Un mardi soir, le téléphone sonna, mon père décrocha et me le tendit en disant que c'était pour moi. Je pris le téléphone. Mon coeur battait. Au bout du fil, une voix me parlait. C'était la voix de la jeune femme brune.

«Tu es retenu ! » me dit-elle.

Clémence Noury

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